Les finalités de ce projet
consistent en ce que les élèves puissent concevoir un projet
plastique en fonction d’un contexte (travail autour de la notion «
In Situ ») et qu’ils travaillent autour du « vivre ensemble »
dans le quartier à travers une expérience culturelle et
artistique.
Le projet concerne les 4 classes de 3ème et
constituera l’objet d’étude présenté en Histoire des Arts. Le
travail s’effectuera tout au long de l’année scolaire et sera
présenté lors de l’exposition de fin d’année.
Les élèves
seront sensibilisés à diverses techniques et démarches plastiques.
Ils réaliseront une production plastique « In situ » dans leur
quartier (performance, peinture, installations …), une « empreinte
dans le quotidien » … Ils seront en contact avec des artistes
(d’expressions plastiques diverses : sculptures, performances,
vidéos …) de l’association TRACES
avec lesquels ils échangeront et qui les guideront dans leur projet.
Plusieurs
sorties sont prévues dans l’année :
-
Colonnes de Buren et Place du Palais Royal après les vacances de la
Toussaint.
- Ballades et visite du quartier (Décembre /
Janvier) : représentation des élèves sur leur quartier (croquis,
enregistrements audio et vidéo, photos …)
- Beaubourg
(Janvier / Février)
- Réalisation et accrochage pour
l’exposition de fin d’année.
En préambule, Sophie
Nédorezoff, de l’association TRACES,
sera en résidence dans le collège du vendredi 28 septembre au samedi 24 novembre. Elle s’installera en salle d’Arts Plastiques afin de créer
une œuvre « In Situ » dans le collège. Les élèves pourront
ainsi suivre son travail, comprendre son cheminement, échanger avec
elle. Le vernissage de son exposition aura lieu le jour des Portes
Ouvertes du collège (samedi 24 novembre 2012). Tous les élèves et
leurs parents seront conviés.
Une artiste en résidence au collège Colette Besson
Depuis une semaine, je me
présente auprès de chaque classe.
Les élèves sont vifs,
certains sont très intéressés.
Ce matin, Mamoudou me pose
beaucoup de questions, le débat s'engage sur notre vision du collège
.
Il commente ce que j'ai commencé à installer dans la salle
d'arts plastiques, je suis agréablement surprise par son
commentaire.
Ensuite, la question que j'attendais : la valeur
de l’œuvre.
Pourquoi une œuvre qui ne
représente qu'une tâche rouge ou un simple trait coûte aussi chère
en comparaison avec certaines toiles où il y a beaucoup de matières,
qui représentent par exemple un paysage?
Ce n'est pas
juste que cela coûte autant d'argent …
Et
vous madame êtes-vous célèbre?
C'est quoi pour toi
être célèbre?
C'est être passé à la télé.
Dans
ce cas, je suis célèbre ...
Une autre question
particulièrement intelligente:
Mais pourquoi
une artiste dans l'école, pourquoi madame vous faites cela?
Et pourquoi pas? L'école est
effectivement un lieu très éloigné du monde de l'Art
et c'est
justement ce qui m’intéresse. Aujourd'hui, il est possible que
l'art et les artistes entrent dans des lieux comme l'école et moi
j'ai envie de travailler ici avec toutes les contraintes que vous
connaissez déjà comme les horaires, l'espace. Le fait que je ne
peux pas faire tout ce que je veux, planter des clous n'importe où.
Je dois respecter les consignes de sécurité ... et puis vous êtes
là.
Si je travaille in situ, le plus important entre ses murs
est votre présence .
Par exemple, une des premières choses
qui m'a frappée est le bruit, puis le silence. Je vais sûrement
travailler sur une bande sonore.
Je leur propose de
continuer ce débat les mardis et les jeudis à la pause déjeuner.
Venez quand vous voulez pour échanger et travailler aussi si vous
avez envie, uniquement si vous avez envie. Nous pourrions aussi faire
une œuvre collective.
Oui je veux faire de
l'Art ! me répond une collégienne.
Cela doit
être un moment inoubliable ! me lance un autre.
Lundi
8 Octobre 2012
Aujourd'hui,
en l'absence de la prof d'arts plastiques la salle se transforme en
salle de permanence.
J'avais convenu avec Cécile de travailler
ce matin pendant ses cours, je propose donc à la surveillante de
laisser les élèves venir discuter avec moi.
Autant en
profiter.
Ils piaillent et ont une furieuse envie de
manipuler les matériaux.
L'un d'eux met sur la table une
balle faite de scotch transparent:
Et ça, est-ce de
l'Art madame?
Tout dépend, l'Art c'est souvent avoir des
idées et les développer.
Quelle est exactement ton
idée?
Il me regarde, réfléchit un peu et me
répond : c'est pour faire du foot, juste du foot.
Vous
faites quoi, pourquoi ce bleu ?
Je leur explique que je
peins mais sans pinceau ni palette.
Je trempe la tarlatane dans
différents bains de couleurs, je cherche des bleus pour un
monochrome.
Ils me donnent leur avis et nous décidons de
chercher ensemble des bleus.
Un peu de turquoise, avec un peu
d'outremer et si on rajoute du cyan etc ...
De la cuisine, oui
l'Art c'est aussi comme de la cuisine.
Ils trouvent que c'est
très beau et veulent que je l'accroche dans le hall d'entrée ou
dans la cantine.
Il faut que tout le monde voit, le plus
de monde possible, me disent-ils convaincus.
Pourquoi
pas, nous pouvons installer ensemble mais nous devons encore
réfléchir.
Ils s'impatientent, ont envie d'essayer, je
leur donne rendez-vous mardi ou jeudi et leur propose en attendant de
prendre en photos mon travail en cours, de le prendre comme ils le
désirent.
Voici les regards de Hanae,
Ikram, Ousmane et Ricardo.
Vendredi
12 Octobre
Fatou, Aminata et
Manda me rejoignent, il est à peine midi.
Chahut à l'entrée
de l'atelier: on vient faire de l'art, eux ils ne veulent
pas (les garçons).
Ils nous traitent d’intellectuelles, mais
là on vient faire de l'Art, on va être des stars!
Je
suis en train de terminer le monochrome bleu, elles m'aident puis je
leur parle
de l'oeuvre commune que nous pourrions concevoir
ensemble. Les mains dans la matière, elles prennent les cordes et
cherchent des couleurs.
Avec joie, elles racontent leur vie,
leur maison, les repas que leur mère mijote, le père, la maison en
Afrique. Je mesure à quel point est ancrée leur culture .
On
te connaît toi, la Forge, l'atelier, c'était trop bien. On est venu
aux expos et puis il y a eu des grillades. On est venues danser
aussi, c'était trop bien.
Moi aussi je me
souviens.
Soudain fuse une idée brillante: on
pourrait prendre du henné, teindre les cordes avec du henné ?
Alors là je reste bouche bée, mais comment ais-je pu passer à
côté d'une telle idée?
J'imagine de suite cette
matière, l'odeur, la transformation de la couleur avec le séchage.
Je m'enthousiasme.
Je vais t'en amener de chez moi,
et puis si tu veux on va ensemble à Couronnes en acheter, me
propose Manda.
Avec plaisir!
Le temps
passe , elles sont joyeuses et commencent à danser.
Madame on
peut mettre de la musique? On vous montre notre danse.
Elles
sortent leur portable enfoui au fond de leur sac et mettent la
musique.
La saomera ça c'est fort (c'est le titre de la
musique).
Elles se trémoussent avec talent, j'ai bien envie
d'essayer ...
La saomera c'est vraiment trop fort. Je leur
demande de m'apprendre.
Grand éclat de rire...
Je
leur transmets des petites choses. Manda se plaint de sa vue et du
fait de porter des lunettes, je raconte alors la vie de Turner qui
malade de la cataracte a peint des paysages sublimes .
Là,
c'est elle qui reste bouche bée.
A mardi les
filles!
C'était trop bien.
Jeudi
17 Octobre
Cette semaine, j'ai
commencé à installer les œuvres dans le collège.
Le
bleu est au dernier étage suspendu dans le vide au-dessus de
l'escalier.
La professeur de Physique Chimie vient me voir pour
me remercier, elle aime car en plus là-haut il n'y a rien. C'est
vrai c'est un espace oublié, grillagé, maintenant il y a le bleu
...
Le rouge est au CDI, je l'ai installé avec la connivence de la
documentaliste.
J'ai une idée stupide, me
dit-elle, et s'il y avait un blanc? Et puis, on met le
rouge et le bleu de chaque côté.
C'est pas
du tout une idée stupide ! En fait, le blanc c'est vous, c'est vous
tous. Ce collège, avec ses murs blancs immaculés et les gamins et
vous.
Si je mets un bleu là-haut puis un rouge ici
dans ce lieu institutionnel qu'est l'école, certains pensent
forcément au drapeau qui trône au-dessus de nos têtes dans le hall
d'entrée. D'ailleurs, pendant que nous repassions les tarlatanes
bleues, deux des filles les avaient mis en traîne dans leur jean et
déambulaient en chantant la marseillaise. C'était très
drôle.
Mardi et jeudi, les filles sont revenues, des
garçons aussi. Nous avons trempé les cordes dans le henné, Manda
en avait bien ramené de chez chez elle. L'odeur emplit la salle
d'arts plastiques.
Je propose de tremper directement mais Manda
préfère faire avec le pinceau c'est plus civilisé me
dit-elle.
Elles
s'appliquent à ajouter des matières différentes : de l'or, des
paillettes rouges et bleues sur le henné séché ... les cordes
deviennent précieuses.
Melchior lui, met de suite les gants et
trempe les cordes. Je suis frappée par son naturel, il n'hésite pas
une seconde.
Cécile me demande de venir plus souvent,
d'être présente pendant ses cours. Les élèves de troisième sont
intrigués. Look
Harry leur pose
beaucoup de questions, je suis ravie car c'était le but : instaurer
un dialogue entre eux, moi et l’œuvre. J'ai hâte d'être au jour
de la rentrée pour échanger avec eux et écouter ce que ce lapin
leur inspire comme réflexions.
N'est-ce
pas là la magie de l'art? Susciter des interrogations, faire
surgir des émotions?
Je me sens très à l'aise
aujourd'hui dans cette école qui s'ouvre, s'ouvre, oui c'est
possible et c'est formidable.
Les bonjours fusent de toute part
lorsque j'arpente les couloirs, les dames de service viennent
discuter avec moi, certains professeurs aussi. Je me rends compte à
quel point je suis privilégiée car je suis ici pour le plaisir,
essentiellement pour le plaisir. Ce fut d'ailleurs le deal passé dès
le début avec les élèves, venez me voir uniquement si vous
en avez envie.
Aujourd'hui, j'ai installé le
premier filet pendant le cours d'arts plastiques, les élèves de
6ème se sont précipités .
L’œuvre collective vient de
commencer …
Vendredi 27 octobre
Ce matin, j’aperçois
des œuvres faites par les élèves et accrochées dans l'espace.
L'une d'elles est suspendue à mon étendoir. J'en suis ravie.
Méli
mélo de mots avec les classes de 6ème, 5ème et 3ème autour de mon
travail.
Look
Harry
J'explique
que c'est l'idée qui est représentée ici, ils découvriront
l'installation finale à la fin de ma résidence.
Cécile leur
rappelle que je travaille in-situ que les œuvres sont forcément
inspirées par le collège, par eux aussi.
- Pourquoi un
lapin? Qu'est-ce que cela vous évoque?
- C'est
nous?
- Non ce n'est pas un portrait de vous.
- C'est
peut-être pour Colette Besson, parce qu’elle courait vite. Mais ce
serait un lièvre pas un lapin!
Il y a
look cela fait penser au look, un shooting de photos.
Il nous
regarde ce lapin. Oui mais qui regarde qui? C'est lui ou bien
c'est vous?
Walid d'un coup s'exclame: c'est
comme la Joconde! Elle nous regarde et même quand on marche
devant, elle nous regarde!
- Dis moi, que se
passe-t-il alorsentre elle et toi ? Qu'est ce qu'il t'évoque
ce regard?
- Qu'est ce que cela vous évoque le regard de
Harry?
- Ben dis moi toi!
- Non car ce qui se
passe entre une œuvre d'art et toi, l'émotion qu'elle te procure,
tu es le seul à pouvoir en parler. Je pourrais te parler pendant des
heures de Look Harry mais pour l'instant ce qui m'intéresse c'est
que ce soit toi qui m'en parle.
- C'est doux
un lapin.
- Oui je suis d'accord, j'avais envie de quelque
chose de très doux. Cela vous rappelle-t-il votre enfance? Les
doudous, les histoires de votre enfance?
Et si je mets un
morceau de tarlatane bleu?
- C'est un lapin devant un
rideau. Cela fait un peu peur.
- Lui, il nous voit mais nous on
ne le voit plus.
- De toutes façons, c'est une photo et nous
on est vivant, il ne sait pas qu'on le regarde.
Et
le bleu?
C'est comme une ouverture dans le toit …
Et
après toutes ces discussions, pendant l'atelier de ce midi, Look
Harry devient Wesh Harry …
Et maintenant qu'est ce que cela
signifie WESH pour moi?
Dans un deuxième
temps, nous en venons à l’œuvre collective, un filet de pêche,
des cordes.
Je voudrais que chacun dans cet école fasse un
nœud. Il y a plus de 350 personnes entre vous, les professeurs,
dames de cantine etc ...
- Le filet, ah oui on est
pris au filet de toutes façons, l'école c'est comme une prison
me dit un 5ème .
Un débat a lieu ...
En faisant un
nœud on fait un vœu, c'est comme les cadenas sur le pont des
Arts!
Mais dis Madame, on va faire comment pour qu'il se
réalise notre vœu?
Miguel, qui est en 6ème,
fait un très bonne analyse:
Le filet est déjà
fabriqué avec des nœuds, le nœud c'est ce qui attache, donc si on
fait des nœuds c'est que l'on est attaché à notre
école.
Attachés, prisonniers, pris au filet,
évocation de silhouettes, souvenirs, souhaits en tout genre,
symbole de l'attachement des élèves pour leur collège,
autant de réflexions, d’impressions, d'idées.
Une
collégienne essayant de faire un nœud en forme de cœur s'entend
dire : et bien, tu es très attachéetoi !
-
Madame, les cordes c'est nous tous.
- Il faut mettre cette
installation là où tout le monde peut la voir car c'est nous, cela
nous représente.
Dehors sur la façade? Dans
l'entrée? Dans le préau? La cour? Pas la cantine
car beaucoup ne mangent pas à la cantine.
Alors où?
Mardi 13 Novembre
Ce vendredi, l 'échange avec
les élèves continue.
Les 6ème en première heure me parlent
du filet et des cordes avec beaucoup d'intelligence:
«
C'est pour marquer une époque comme avant en Égypte quand il y
avait un animal
symbole d'un pharaon. Cette installation va
marquer notre passage ici, c'est notre symbole.
Cela va marquer
l'année 2012-2013 ».
«C'est beau, c'est comme un
brouillon ».
«On est relié. C'est émouvant car ce
sont les différentes nationalités, les différentes couleurs de
peau ».
Et
puis arrivent les réflexions sur LOOK HARRY et surtout la correction
de WECH.
C'est un S, c'est WESH HARRY.
Je
pose enfin la question qui me taraude:
« - Que
veut dire exactement Wesh?
- C'est un mot arabe Madame!
Cela veut dire bonjour ou bien qu'est-ce que tu fais là Harry
ou
bien ça va Harry?
- Mais êtes vous bien sûrs que c'est
un mot arabe?
- Oui! Non! Et tout
dépend!!!»
Je leur livre mon
analyse:
«Lorsque j'écris LOOK HARRY, je vous dis
regarde Harry et Harry vous regarde.
Lorsque vous écrivez Wesh
Harry c'est vous qui parlez à Harry et vous lui dites ce que vous
voulez en fonction des circonstances et de votre humeur car je
comprends que Wesh peut avoir différentes significations.
En
tout cas, l'installation n'aura pas le même sens si c'est LOOK HARRY
ou WESH HARRY.»
Tout le monde acquiesce.
«Le
lapin c'est doux et attachant ». Oui, répond Cécile, cela
fait un lien aussi avec les cordes et les nœuds,
l'attachement.
C'est en noir et blanc, me dit
un autre, cela fait ancien.
Oui comme un souvenir.
Les
3ème me parlent de Roger Rabbit. Les yeux s'éclairent, l'enfance
n'est pas loin.
Imane compare le filet à une prison:
«-
L'école est une prison, c'est ce que je ressens.
- Mais dans
une prison tu es isolée du monde, tu ne peux pas sortir.
- Ben
oui ici c'est pareil, on est isolés du monde.
- Et bien tu peux
faire un nœud de prisonnière» , elle prend alors une corde
pailletée de rose et fait un nœud en forme de cœur ...
«C'est
beau madame , je trouve que c'est beau.»
Je suis surprise
car c'est la première fois que j'entends un avis esthétique. Je
n'ai jamais entendu c'est moche, peut-être le pensent-ils mais ce
qui les questionne essentiellement c'est l'Art.
«-
Mais c'est pas de l'art, me lance un élève, l'art c'est la
peinture, les tableaux.
- Pas seulement, l'art c'est aussi la
sculpture, l'écriture, les installations, la photographie.
-
Mais non! La photo c'est pas de l'art! C'est comme ceux
qui prennent en photo la Joconde, c'est pas de l'Art! Tu
reproduis, c'est pas de l'art.
- Oui tu as raison mais si
tu prends par exemple juste le nez de la Joconde en photo, c'est ton
choix, ton regard. Est-ce de l'art?»
Il me regarde,
dubitatif, et m'accorde un tout petit oui.
Cécile
explique comment la photographie fait partie de l'Art. C'est au
programme, cela tombe bien.
Soudain la BIP (brigade
d'intervention poétique) arrive. Le comédien lit un poème sur
l'amour,
silence, puis applaudissements. Il va lui aussi faire
un nœud.
Un instant de magie partagé autour de l'Art, je leur
dis quelle chance ils ont.
«Madame c'est comme un
collège d'Art » me répond l'un d'entre eux.
Vendredi 16 Novembre
Les dernières séances sont
trépidantes.
C'est souvent comme cela, lorsque les choses
approchent de leur fin.
La soif de matière est toujours aussi
forte : poudre d'or, henné, pigments etc ...
Nous
commençons à échanger sur la restitution qui aura lieu pendant les
portes ouvertes du collège ce samedi 1er décembre.
Brenda, qui
est en 6ème, me propose comme slogan:
«Venez voir
les vœux trépidants qui vous feront pâlir d'envie ».
Une de
ses copines:
«Nous vous invitons à venir voir les
vœux réalisés à Colette Besson ».
Je leur propose de
faire les médiatrices le jour des portes ouvertes, d'expliquer mon
travail
aux visiteurs .
«C'est quoi une
médiatrice?
C'est quelqu'un qui dans une exposition
explique le travail de l'artiste, c'est aujourd'hui devenu un
métier».
Brenda est très inspirée: « je vous
présente une œuvre exceptionnelle d'une artiste d'art contemporain.
Une œuvre qui s'appelle main dans la main et aux tous petits, vous
ne devez pas toucher les cordes !»
Voilà, l’œuvre a
été nommée, moi qui donne rarement un titre à mes œuvres, je
laisse sur le tableau les propositions s'accumuler.
Océane
me signifie que cette œuvre leur appartient à toutes et tous et que
si un jour je deviens très célèbre et que cette œuvre est vendue,
nous partagerons tous l'argent. Je suis d'accord ...
M. AIT
BOUALI vient nous voir et fait son nœud, Brenda joue son rôle de
médiatrice à merveille.
Rendez-vous est pris pour jeudi pour
une répétition générale.
En attendant, les nœuds
s'accrochent à d'autres nœuds, s'entremêlent et forment d'autres
nœuds.
LOOK
HARRY a commencé son entrée aujourd'hui lundi sur chaque fond
d'écran du collège avec la complicité du Web master. C'est la
surprise générale surtout pour les profs qui se demandent pourquoi
un lapin apparaît sur tous les fonds d'écran.
«Ben
c'est Harry le lapin de sophie ! »
Léonard, mon fils, a
rencontré ce soir dans la rue ses anciens camarades de primaire. Ils
lui parlent de LOOK HARRY, du regard de Harry.
LOOK HARRY est
sorti du collège et accompagne les élèves dans le quartier ...
Lundi 26 novembre
REGARDER
L'ENFANCE
Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton
enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses
pleurs
Tout au long de tes jours
Te précède ton
enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant
chemin
Singulier et magique
L’œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards
Andrée
Chédid.
Ce matin, pendant les
portes ouvertes, les médiatrices et médiateurs sont au rendez-vous
avec enthousiasme. Ils ont pris leur rôle avec sérieux et je suis
touchée par leur engagement.
Dès 8h30, ils m'aident à
terminer LOOK HARRY.
«Il est où Wesch HARRY?
Mais c'est à vous d'interpeller Harry, wesch c'est vous!»
Je
leur explique le fond de ma pensée, pourquoi LOOK HARRY, le filet,
les cordes, les monochromes bleu et rouge.
Le filet est accroché
le long d'une fenêtre et des cordes sont prêtes pour les visiteurs,
les futurs élèves font des nœuds.
Les futurs parents d'élèves
sont ravis par cette visite guidée.
«Une artiste dans
une école c'est pas rien».
Certains propos me sont
rapportés : «et puis vous pouvez en penser ce que vous
voulez!»
Ils veulent que cela continue, «que
cela ne s'arrête jamais».
Je leur explique que d'autres
artistes vont venir,
«on s'inscrit de suite aux
ateliers».
Ce matin, ces gamins étaient chez eux
dans leur école pleinement investie par leur énergie.
Bravo à
tous, à toute l'équipe.
«Promets-nous Sophie que
tu vas revenir nous voir, oui je promets !»
Fin de
ma résidence, fin du préambule. A partir de lundi, mon
empreinte dans le quotidien démarre pour les élèves de
3ème.
Trois artistes me rejoignent pour les accompagner dans la
réalisation d'œuvres in situ dans le quartier.
C'est à leur
tour maintenant de laisser leur empreinte.
Samedi 1er décembre 2012/span>
Sophie Nédorézoff